Cesser d’exister, commencer à vivre

Vivre est la chose la plus rare au monde. La plupart des gens ne font qu’exister.

Oscar Wilde

Dans le jardin de ma vie personnelle, j’ai vivement ressenti à plusieurs reprises l’appel de vivre plutôt que survivre, ou de seulement exister, de faire ce que j’aime dans la vie plutôt que devoir gagner ma vie pour payer mes factures. Je voulais plus que tout m’épanouir librement… De plus, en tant que coach, j’ai réalisé à quel point ce désir est répandu actuellement. Ce qui est déplorable, c'est de constater tous les dommages que cela peut entraîner avec son lot de complications dans la vie quotidienne de ne pas parvenir à s’épanouir. Comme s’il n’était pas possible de vivre sans tracas. Comme s’il était devenu difficile d’être juste normal. Comme s’il n’y avait plus que cela à me préoccuper dorénavant. Si ce livre vous permet de prendre une pause de vos jours de petites misères ou de les reléguer à un second plan pour un temps, de récupérer un peu le temps d’y voir plus clair, le temps de vous reconnecter avec votre désir inné d’épanouissement, et bien ce sera déjà ça.

Tout individu est animé du désir de s’épanouir. Nous sommes tous ici pour progresser et évoluer. Vivre c’est évoluer consciemment, progresser peu à peu, avancer, être plus conscient que vous vous approchez de votre but, vous sentir meilleur qu’hier. Malgré cela, certains se sentent paralysés dans une période pourtant importante de leur vie et ne parviennent pas à transformer ce qui les retient captifs. Ils sont incapables de résoudre les problèmes qui leur semble insolubles. Le vrai problème concernant vos difficultés, ce n’est pas qu’elles soient insurmontables, mais que le rapport que vous avez avec elles manque majoritairement d’ouverture et d’accueil. Vos complications à composer avec elles, à vous recentrer et à canaliser vos forces pour y faire face est le vrai défi à relever. Au-delà de ce qui peut paraître problématique, vous pouvez aussi y repérer des moyens mis à votre portée pour vous permettre de vous améliorer.

Pourquoi m’épanouir? Est-ce que ça règle les problèmes? En épanouissement personnel, les problèmes ne sont que temporaires. Dites-vous que cela aussi passera, tout évolue et rien ne sera jamais plus comme c’est présentement. Cultiver l’art de vivre et aimer, c’est s’épanouir et lorsqu’on s’épanouit, les problèmes se transforment en défis. Les problèmes ont toujours le mérite de développer votre maturité. En passant votre temps à les fuir, votre immaturité grandissante vous conduira au désespoir. Alors, si vous ne trouvez pas une façon de vous épanouir juste pour vous, qui le fera? Et quand?

On s’épanouit d’abord pour être soi-même, pour aller dans le sens de ce qu’on est appelé à devenir et éliminer peu à peu ce qui nous empêche d’être, de nous libérer de ce qui pourrait nous être potentiellement dangereux. Vous devez donc apprendre à vous connaître. Cette petite pause peut vous amener beaucoup plus loin qu’une seule prise de conscience. Lorsque je parlais de mes problèmes, je sentais que je prenais une distance par rapport à eux comme s’ils se divisaient. Cela me faisait du bien sur le coup, mais ça revenait tout le temps tant que ce n'était pas réglé. Maintenant, lorsque je parle de mon petit bonheur, je sais qu’il se multiplie. C’est un choix que j’ai fait par rapport à l’approche que je tenais à avoir avec les gens. Comme la mission que je me donnais était centrée sur la multiplication de petits bonheurs plutôt que sur la division des problèmes, la solution passait par cette nécessité. Je voulais cesser d’exister et commencer à vivre, car c’est ce que j’avais de mieux à offrir. Toutefois, plus on cherche, plus on trouve des solutions pour ça, oui, jusqu’à ce que le véritable problème ressorte et qu’on doive trouver la bonne solution.

 

Pour trouver la bonne solution, ce n’est plus aux connaissances et aux autres qu’il faudra vous adresser, mais à vous-même. La vraie, la bonne se trouve en vous et pas ailleurs. Naturellement on ne peut pas s’attendre à toujours trouver la bonne solution à tous nos problèmes, on se doit également de laisser au temps le temps de faire son temps. Ce n’est pas parce que je ne vois pas la bonne solution tout de suite qu’elle n’existe pas. Alors, que dois-je faire pour la trouver? Me tourmenter, me faire du souci? Eh bien non. Souvent, ce qu'il y a de mieux à faire, c'est avouer son impuissance et lâcher prise, reconnaître la réalité pour ce qu’elle est, nommer ce qui est tel qu’il est et en laisser émerger ce qui veut bien en être libéré de ce qu’on porte à l’intérieur. En étant à l’écoute, ouvert et réceptif, le temps que les réponses arrivent, on ne cherche pas à vouloir tout contrôler. Attendez-vous à ce que tout s’arrange et tout s’arrangera, le contraire sera aussi vrai. Lorsqu’on prend le temps d’être positif, cela nous aide quand même, même s’il n’y a pas de résultat immédiat apparent. J’en suis venu à croire que si vous êtes en mesure de vivre pleinement votre vie, de la vivre consciemment, de l’apprécier à sa juste valeur, de reconnaître vos attitudes, comportements, pensées, émotions et sentiments pour ce qu’ils sont, de les identifier, les nommer, les ressentir et finalement dépasser votre paresse, vous serez à même d’être la personne que vous voulez être.

Tout ce qui suit n’est pas forcément gratuit, il y a un prix fort à payer en faisant l’effort de tirer des leçons des expériences que vous vivez et de vous tenir debout. Vous pouvez compter soit sur la chance ou sur l’épanouissement pour être heureux. C’est à vous de vous lever et quand vous vous soulevez hors de la souffrance de façon positive, vos difficultés ont beaucoup plus de chance de se résoudre et, surtout, de ne pas revenir. Votre chance c’est à vous de vous la faire ensuite. Il y a de fortes possibilités qu’ils se règlent d’eux-mêmes par la suite, mais vous devez d’abord prendre la ferme résolution de vous commettre. Simplement parce que vous aurez mis à contribution « aide-toi et le ciel t’aidera ». Je n‘irais pas jusqu’à dire que je crois que le temps à lui seul arrange les choses, mais qu’il dépend de « comment on meuble notre espace-temps. »

Je ne voudrais pas non plus que l’on imagine que ce que je suggère est de nier la partie ténébreuse de la souffrance et des horreurs dans la vie, non, au contraire ! Si vous pouvez prendre connaissance de cela, vous le pouvez aussi pour ce qui est merveilleux, beau et de la partie lumineuse de la vie. On peut apprendre de la souffrance, mais on peut aussi apprendre de l’amour, du respect… C’est en adoptant un rôle d’aidant envers vous-même que cela s’avère possible.  Le défi pour être libre de souci consiste, dans un premier temps, à ne plus chercher à éviter ou à refréner votre souffrance et de ce qui en est la cause, mais d’en assumer l’entière responsabilité pour ne pas en être obsédé, ne plus en être préoccupé en permanence et être pris à ne penser qu’à cela. Dans un deuxième temps, la bravade consiste justement à transformer sa souffrance, à avoir le courage de se compromettre à elle, de lui faire face même si vous en avez peur, à oser se remettre en question s’il le faut, à vivre consciemment ce qu’elle représente réellement pour vous. Dans un troisième temps, évitez de vous attacher à d’autres moyens qui pourraient vous en distraire ou vous soulager momentanément. En apprenant à la recevoir avec calme, à l’accepter dans sa totalité, c’est ce que j’appelle commencer à vivre et non exister.

Les difficultés, les problèmes, les obstacles cessent d’en être à partir du moment où on les accepte vraiment pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire un moyen de vous purifier. Sans la souffrance, vous n’auriez pas envie de vous transformer, de changer des choses dans votre vie, de vous épanouir pleinement, car la souffrance comme le fumier a son utilité, elle a un but positif. Vous cessez de résister à ne pas vouloir vivre ce que vous avez à vivre et commencez à le percevoir différemment. Commencez à voir comment vous pourriez transformer votre souffrance, ce que vous devez purifier. On ne peut vivre de nourriture sans avoir faim, comme on ne peut s’épanouir sans souffrance. Alors l’idée est bien plus de cesser de fuir devant la souffrance, mais de l’intégrer, de l’ajouter, de l’accepter comme faisant partie intégrante de votre démarche d’épanouissement personnel. C’est aussi de reconnaître sans honte tout ce qui en découle, votre sensibilité, votre fragilité, votre vulnérabilité, vos faiblesses, vos pensées, vos sentiments et émotions en vivant tout ce que vous avez à vivre sans vouloir soustraire quoi que ce soit à ce qui est, à ce que vous êtes en totalité. Tout cela peut se vivre plus naturellement en augmentant au maximum votre capacité et vos forces pour diminuer et contrer l’effet déplaisant de votre souffrance, de vos difficultés et obstacles. Ainsi, vous parviendrez plus efficacement et plus rapidement à les transformer.

Qu’est-ce qui distingue un homme de bien? Sa soumission à son destin.

Sénèque

Se choisir sainement dans une démarche comme celle-ci ne signifie pas que vous n’aurez plus désormais à vivre de perturbations, d’angoisse ou d’anxiété. Non, cela veut plutôt insinuer que, puisque vous vous responsabilisez vis-à-vis ce que vous avez à vivre, vous vous laissez aller complètement. C'est-à-dire que, puisque vous semblez être déterminé à le faire sans accuser qui que ce soit, ni chercher de coupable, sans formuler de reproches, de critiques, de blâmes, de jugements, de justifications et d’excuses, vous êtes prêt. S’il s’agit seulement de ce qui vous concerne, vous, en rapport à votre souffrance, alors je vous dirais que vous êtes sur la voie de l’épanouissement et près d’obtenir ce que vous désirez dans votre cœur.

Vous n’entreprenez pas une démarche d’épanouissement pour régler le cas des autres après tout. De cette façon, vous règle­rez vos crises, vous assumerez votre souf­france et ce, de plus en plus facilement et rapidement. Vous serez plus porté à vous insuffler de l’espoir, de l’enthousiasme, de la confiance plutôt qu’inquiétude et découragement. On peut bien vivre malgré les vicissitudes de la vie, en cessant d’exister et réagir constamment aux événements de la vie. On est prêt à tout vivre même lorsqu’il y a de la colère ou de la tristesse. En vous concentrant sur l’essentiel, vous pourrez vous attendre au meilleur avec la certitude au cœur que ce qui en émergera au bout du compte, c’est pour votre mieux. À l’inverse, le contraire ne vous avancera à rien et vous pourrez commencer à vous attendre au pire. La vie n’est pas un lot de problèmes qu’il faut résoudre, mais l’expérimentation de l’acceptation, pour évoluer et s’épanouir, c’est ce qu’on se doit de vivre sachant qu’il n’y aura pas de refuge assez sécurisant pour protéger suffisamment longtemps celui qui ne veut pas s’épanouir jusqu’à la complétude. Pour évoluer, il faut s’épanouir ; pour être complet, il faut apprendre à évoluer constamment. La complétude est un tout composé de différentes parties en harmonie. Vivre, c’est s’épanouir jusqu’à la complétude et c’est la complétude qui conduit au but ultime de toute cette démarche : la plénitude son plein épanouissement.

Si je reprends mon exemple tiré d’Accoucheur d’âme, la complétude est comme la construction de sa résidence. Tant que l’entrepreneur en construction n’aura pas assemblé tous les matériaux de construction, cela ne ressemblera qu’à un désordre apparent, à un chantier. Ce n’est qu’une fois tous les matériaux bien assemblés que la maison aura pris forme. Eh bien il en est de même de votre cheminement d’épanouissement personnel. Tous les aspects de votre personnalité se doivent d’avoir été liés minutieusement par un travail de précision, de conscience et d’attention pour une satisfaction totale et entière. Ce n’est qu’une fois que chacun d’entre eux seront bien harmonisés ensemble que vous constaterez la plénitude, car, au final, l’accomplissement c’est être soi-même. Mais comment pouvez-vous être humble et vous affirmer à la fois, me direz-vous, comme s’il s’agissait d’une contradiction pour plusieurs. Il y a effectivement une différence entre un individu qui glorifie une part de sa personnalité, mais cela ressemble beaucoup plus à de la réclame comparativement à celui qui affirme son individualité et qui a ainsi davantage d’attrait aux yeux des autres. S’affirmer, c’est devenir soi-même, l’âme c’est ce que vous êtes et la personnalité, c’est ce que vous faites… Si vous vendez les mérites que vous prétendez avoir et qui ne révèlent rien de ce que vous êtes en réalité, c’est que vous vous êtes identifié à votre personnalité. Cela n’est effectivement pas humble d’être autre chose que ce que nous sommes en réalité. Par contre, il n’y a pas de honte à glorifier les dons, qualités, talent et charisme que la vie vous a gracieusement offerts. Vous pouvez en être fier et l’affirmer haut et fort, c’est aussi une excellente façon de remercier la vie pour tant de générosité. Alors, pas besoin d’en ajouter ou d’en enlever à ce qui est déjà là. Pour être authentique, plus besoin de ressentir la nécessité de contrôler ou de manipuler. Sans la possibilité d’être transparent, il sera extrêmement difficile de pouvoir habiter sa résidence et de s’y sentir confortable, encore moins d’y recevoir des invités puisque vous seriez un étranger pour vous-même. On ne peut pas parvenir à une estime de soi, à « se vivre », sans une image positive de soi-même. Une image positive est une image vraie et le fondement d’un bon équilibre mental.

 Il y a une grande différence entre être vivant et être en vie

Spinoza


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