La version la plus commune que j’ai entendue le plus fréquemment est que l’amour avec un grand A serait un amour inconditionnel. Et bien, je suis plus ou moins d’accord parce qu’un amour inconditionnel peut facilement varier d’une personne à une autre, à tel point qu’elles peuvent se contredire l’une l’autre.

Pour moi, un amour inconditionnel est un amour sans condition, je suis persuadé que tout le monde s’entend là-dessus et j’abonde également dans ce sens. J’y accorde une certaine importance, par contre avec une réserve : je me demande vers où est dirigé cet amour? De préférence vers une seule ou quelques personnes de mon choix, et qui plus est vers une personne que j’aime sans intention de retour, aucune, est-ce vraiment possible?

Un amour inconditionnel ne nous demanderait pas d’en faire plus, beaucoup plus. Même si cette personne est notre enfant, si cette personne ne nous aime pas ou n’est pas aimable, je suis vraiment sceptique quant à la capacité de l’être humain d’aimer inconditionnellement car, par sa nature, il est d’abord centré sur son nombril.

J’en doute énormément parce que l’amour ou la charité bien ordonnée commence par soi-même. Si je ne me respecte pas dans une telle relation, si je ne m’aime pas, est-ce vraiment un amour inconditionnel que celui d’une mère de famille ou d’une femme battue? On peut vouloir tendre vers un idéal, mais de là à y parvenir concrètement, il y a une marge, il y a un océan à traverser.

Alors, la question suivante se pose : comment puisse-t-il être possible d’aimer inconditionnellement? Par un amour d’abord axé sur une conscience collective et universelle, il devient alors possible de parvenir à un amour inconditionnel.

Et bien tout simplement parce que nous ne nous attendons pas à un retour, nous ne pouvons pas être blessé par une conscience collective, c’est plein de gratuité sans intention véritable de retour. C’est cette énergie qui transforme et qui nous permet l’accès à un amour inconditionnel.

Certes, un état de conscience intériorisé pour un monde meilleur nécessite un détachement complet de soi, après s’être reconnu, après s’être accueilli, après avoir supprimé toute contrainte qui peut nous limiter dans nos ardeurs et motivations sincères.

Cette assurance, cette conviction intérieure confirmée constamment par le monde extérieur, a été projetée d’abord par une confiance absolue que nous faisons bel et bien partie d’un tout universel.et que je me dois d’y participer, d’y contribuer.

Se choisir, c’est se rendre justice en étant conscient de ce fait, d’en assumer la responsabilité qui vient avec, puis d’être capable d’en être reconnaissant.

Pour ainsi dire, nous nous devons d’abord d’entrer dans un processus d’évolution afin d’être en mesure d’abord de dépasser la nature innée de l’être égocentrique que nous sommes, les humains, afin d’aimer inconditionnellement. Au-delà de sa nature propre, l’être humain peut transcender en être spirituel, puis cet amour s’intensifiera. Il se développe par des expériences, et oui, nous apprenons soit par l’expérience ou par la sagesse.

Ce sont les expériences qui ont fait du sage ce qu’il est devenu. Le sage a appris de l’enseignement de ses expériences, c’est la différence qui lui a permis de développer la sagesse. Il y en a qui ne comprennent pas vite, je ne sais pas si vous en connaissez plusieurs de ceux-là, ils peuvent rester là, pris pendant des années et de façon récurrente, dans une expérience sans toutefois en retirer quoi que ce soit. Leur vie est un éternel recommencement, c’est dommage mais là nous sommes très loin de l’amour universel.

La sexualité, les émotions sont aussi des sources d’énergie vitale qui proviennent de cette conscience mais qui peuvent être trompeuses car elles nous donnent l’impression que c’est ça l’amour, alors qu’il est ressenti dans le corps. Nous nous devons de faire la part des choses et de discerner ce bien que nous en retirons, s’il est vraiment dirigé vers le ‘’nous’’ ou vers le ‘’je’’, mon propre intérêt personnel.

L’amour inconditionnel commence lorsque le ‘’je’’ devient le ‘’nous’’, d’abord par un amour dirigé ver soi, j’en conviens, par contre il doit ensuite s’étendre autour de nous, circuler, être en mouvement, il ne doit pas stagner en nous car il se corromprait tout comme l’eau ou l’air. Nous devenons ensuite des témoins de son existence.

Nous parvenons à dépasser les besoins physiques pour nous diriger davantage vers un ressenti dans notre fort intérieur, ce qui nous amène à éprouver la sensation que nous ne sommes pas seul et limité dans notre propre corps, qu’une présence se fait sentir et se fait de plus en plus communicante au fur et à mesure que nous lui portons attention. Cette présence est sans équivoque une énergie ressentie qui nous pousse à un amour véritable, pur de son essence divine, un amour inconditionnel et universel.

Nous y parvenons donc par un dépassement de soi. C’est facile d’aimer qui nous voulons bien parce qu’ils sont aimables, par contre quand il s’agit de personnes très souffrantes et méchantes autour de nous, ça ce n’est pas donné à tout le monde et ça se développe, ça s’apprend, c’est un entraînement assidu que cela demande, ça ne vient pas comme ça du jour au lendemain.

Je suis ce tout qui m’entoure, je fais partie intégrante de lui. Si j’avais conscience qu’il fait lui aussi partie de moi et moi de lui, alors je développerais ma conscience collective sans tomber en réaction dans le ressentiment, la haine ou la colère. Il est là pour m’aider à progresser justement sur les voies de l’amour inconditionnel. J’en suis encore à m’améliorer, aurais-je suffisamment de temps pour y parvenir, cela reste à voir, j’ai foi que oui et vous?

Donc aimer, c’est un entraînement de longue haleine, on doit s’habiliter à le faire puisque cela ne vient pas tout seul comme ça, tout bonnement, par la gracieuseté d’un héritage ou de la loterie. On n’aime jamais trop, on aime mal. Comme à tout apprentissage, il y a des étapes à respecter, un processus à suivre pour y parvenir. Et la première chose à faire est d’éliminer tout obstacle à l’action, puisque l’amour se matérialise dans l’action. C’est surtout la peur, la peur qui nous empêche d’aimer.

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